Football sénégalais, eternel recommencement

23 février 2015

Football sénégalais, eternel recommencement

Equipe nationale du Sénégal à la coupe du monde 2002
Equipe nationale du Sénégal à la coupe du monde 2002

Considéré comme le sport numéro un au Sénégal, le football a rarement valu au pays une satisfaction à la mesure de ses nombreux inconditionnels. La récente déconvenue de l’équipe nationale lors de la Coupe d’Afrique des Nations a une nouvelle fois témoigné des difficultés quant au rayonnement de notre football au niveau international.

 

L’engouement du sénégalais pour son équipe nationale n’est pas nouveau. Je me souviens, étant plus jeune, que les matchs de football de l’équipe était toujours suivis avec un certain intérêt. Chez moi, tout le monde se mettait devant le téléviseur. Aucun membre de la famille ne manquait. Tous concentrés, quelquefois contents à la fin des matchs, le plus souvent consternés au coup de sifflet final. Et comme aujourd’hui, les matchs se poursuivaient sous forme de commentaires dans la rue, dans les places publiques, dans les transports, les services…

Pourtant, le Sénégal a rarement rayonné dans les compétitions internationales. On nous raconte qu’en 1986 en Egypte, nous avions une équipe de rêve et que, plus que jamais, nous croyions remporter notre premier trophée continental. Tout avait très bien commencé avec un succès d’entrée face au pays organisateur. L’espoir fut éphémère car nous n’arrivâmes même pas à sortir de notre groupe. A la fin du tournoi, l’Egypte que nous avions battue d’entrée s’est retrouvée sacrée. L’histoire de notre football a été donc globalement terne.

Lueurs au début du millénaire

Malgré la présence de brillants footballeurs comme Jules François Bocandé, meilleur butteur du championnat de France en 1986 l’équipe nationale du Sénégal n’est jamais parvenue à s’illustrer dans les grandes compétitions internationales.

La situation a perduré jusqu’au début des années 2000. d’abord à la CAN organisée par le Mali en 2000 où l’équipe avait réussi à se hisser jusqu’en quart de final. Ce fut le début d’une épopée fabuleuse.

En 2002, nous avions manqué de justesse la coupe, nous inclinant aux tires aux buts en final contre le Cameroun. Pour la première fois, nous étions revenus d’une compétition de cette envergure avec une médaille. Nous étions deuxième en Afrique et la même année, les joueurs allaient réussir l’improbable en nous qualifiant en quart de finale pour notre première participation à un mondial de football.

La ferveur était à son maximum et l’engouement pour l’équipe encore plus fort. Cette année fut historique pour le football sénégalais qui venait d’atteindre un niveau qu’il n’a jamais pu retrouver.

Mongomo pas très loin de Bata finalement

On ne pouvait se douter que 2002 était une année toute particulière et que nous allions très rapidement retrouver notre rang d’antan.

Le bilan de l’équipe fut mitigé les années qui ont suivi les exploits de 2002. Mais, il était clair que nous nous étions nettement éloignés du niveau avec lequel nous nous étions hissés jusqu’en quart de finale de la coupe du monde. On ira même jusqu’à manquer la qualification à la phase finale de la CAN en 2010 et en 2013.

En 2012, nous engagions la CAN en Guinée Equatoriale avec un statut de favori. En effet, nous avions survolé la phase éliminatoire avec 16 points sur 18 possibles. L’équipe semblait reconstruite et avait derrière elle, tout un peuple.

Nous étions très loin d’imaginer que nous allions vivre la pire coupe d’Afrique de notre histoire. Nous fûmes sortis de la compétition dès le premier tour sans le moindre point enregistré.

2015 a marqué le retour du Sénégal sur la scène continentale. Avec une équipe jeune et compétitive, l’on pensait revenir en Guinée Equatoriale, 2 ans après, pour laver l’affront de Bata.

Cette fois, c’est à Mongomo où l’équipe était basée mais personne n’avait oublié Bata, ville qui nous avait accueillis en 2013. Ce ne fut guère différent et comme en 2013 on est sorti de la compétition dès le premier tour. Cependant, cette fois, on parvient à gagner un match et à avoir un nul.

Éternel débat sur le choix coach

Cette dernière désillusion, comme toujours devait avoir son responsable. La majorité des sénégalais a pointé du doigt le sélectionneur national Alain Giresse qui quitta son poste quelques temps après l’élimination.

Et aux sénégalais de replonger dans un vieux débat, celui du choix du sélectionneur.

Un expatrié ou la préférence nationale ? C’est la question après chaque campagne ratée.

L’équipe a généralement été prise en charge par des sélectionneurs étrangers mais ces dernières années, ce choix a été vivement critiqué et certains techniciens sénégalais ont eu la chance de tenir les rênes de l’équipe nationale.

Cependant, les résultats n’ont jamais réellement variés au point que les acteurs étaient à nouveau d’accord qu’il fallait l’expertise étrangère.

Aujourd’hui, on semble à nouveau d’accord qu’il faut confier l’équipe à un sénégalais.

Ce cycle est désormais régulier et il convient de comprendre qu’après un étranger, ce sera un national.

Chacun venant avec sa philosophie, sa méthode, son équipe et nous, nous assistons à un éternel recommencement.

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