Sénégal : 48 heures de désillusions

Article : Sénégal : 48 heures de désillusions
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31 janvier 2017

Sénégal : 48 heures de désillusions

Décidément les dieux ne sont plus du côté du Sénégal. Après avoir été écarté de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) samedi soir, la pilule n’était même pas encore passée que le lundi, l’information de l’élimination d’Abdoulaye BATHILY dès le premier tour pour le poste de président de la commission de l’Union Africaine est venue rendre beaucoup plus amer encore notre début de semaine.

L’équipe nationale de  football, un coutumier des faits

Au Gabon, l’équipe nationale était partie en quête du premier sacre continental. Après une phase de qualification inédite avec six victoires en autant de matchs, l’espoir quant à un exploit s’était accru. Le peuple entier y croyait. Un tel engouement n’avait plus été observé depuis 2002 avec l’épopée mémorable des « Lions » au Mali jusqu’en finale de la CAN,- ainsi qu’en Corée du Sud-Japon en coupe du monde où nous avions atteint les quarts de final.

La CAN 2017 avait bien été amorcée avec, notamment, un passage en quart de finale dès nos deux premiers matchs, conclus par des succès rassurants. On nous plaçait déjà comme un solide prétendant à la victoire finale. Cette situation de favoris était loin d’être anecdotique au regard de notre parcours en qualification et de la forme générale de l’équipe qui nous a valu la première place en Afrique au dernier classement FIFA.

En réalité, la dynamique de l’équipe était bonne depuis la dernière CAN ratée et l’intronisation d’Aliou CISSE, par ailleurs acteur de la glorieuse performance de la génération de 2002, comme coach. Bien plus que de bâtir une équipe compétitive, il a réussi à fédérer le pays entier autour d’elle. C’est donc avec beaucoup de ferveur et d’espoir que le pays a accompagné les « Lions » sans se douter que cette aventure aurait un goût d’inachevé.

Même si l’adversaire, en l’occurrence le Cameroun, était de taille compte tenu de son palmarès, il n’y avait pas l’ombre d’un doute que nous étions en mesure de franchir cet obstacle. Or, ce qui ne devait être qu’une simple formalité s’est révélé être cauchemardesque pour toute une nation.

Après le temps réglementaire et l’épuisement de la période des prolongations, l’heure de la séance de tirs au but était venue. Une série de tirs fatale à notre rêve de sacre. Notre joueur vedette, Sadio Mane, a raté son tir et condamné le pays à devoir patienter encore pour espérer soulever le trophée continental.

La désillusion fut énorme. Cela se remarquait et se sentait un peu partout. Dans toutes les conversations, il s’agissait toujours du principal sujet. Ce samedi, le Sénégal s’est endormi triste, avec une tristesse encore plus acerbe au réveil. On venait de rater une grande occasion de réaliser un parcours abouti, l’équipe était au niveau et le soutien de toute la nation acquis. Un rêve venait de se briser et il ne restait qu’à attendre patiemment de digérer cette déconvenue.

La diplomatie, longtemps un grenier de succès

Un dimanche calme et on s’apprêtait à entamer la semaine et nous tourner vers d’autre perspectives. Mais le dicton selon lequel «un malheur ne vient jamais seul» tenait sa promesse.

Lundi, alors que la journée de transition vers l’éloignement de ce mauvais surprise semblait bien commencée, la nouvelle de l’élimination de notre compatriote le professeur Abdoulaye BATHILY, à la course à la tête de la commission de l’Union Africaine est tombée.

Cette information pouvait être rangée dans la rubrique des faits divers si la candidature du Sénégal n’avait pas suscité tant d’espérance.

Le pays a de tout le temps brillé par sa diplomatie ; une expertise avérée et qui nous a valu de grandes consécrations au plan international. En outre, l’État du Sénégal s’est fortement investi dans la campagne pour conquérir la présidence de la commission de l’UA. Des moyens humains et financiers considérables ont été engagés dans la campagne qui n’a en aucun moment négligé d’exploiter les relations cordiales que le pays entretient avec les autres.

Le récent succès diplomatique au conseil de sécurité de l’ONU lors du vote de la résolution contre la colonisation des territoires de la Palestine par Israël et la gestion réussie de la crise en Gambie avaient renforcé l’espoir de succès de la candidature du Professeur BATHILY.

C’est donc un revers cuisant que cet événement symbolise pour la diplomatie sénégalaise et de façon générale pour tout le pays. La déception est encore plus grande à la lecture du résultat des votes. Seulement dix (10) voix alors que les pays de la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest –CEDEAO- sont au total quinze (15). Cela suppose par ailleurs que la cause communautaire a été «trahie».

En attendant de savoir quels pays de la région de l’Afrique de l’ouest n’ont pas adhéré au soutien fraternel promis, le Sénégal et les sénégalais tentent de se remettre de cette suite d’échecs cruelle.

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