Lettre d’un jeune Sénégalais à ses frères et sœurs du Burkina Faso

29 octobre 2014

Lettre d’un jeune Sénégalais à ses frères et sœurs du Burkina Faso

000_Par8013651_0Ces derniers temps, par la magie des supports de diffusion de l’information, nous suivons à temps réel les développements de l’actualité de votre pays le Burkina. En effet, le projet tant cher au président Compaoré, ne nous laisse point indifférents. Bien au contraire, il  heurte notre sensibilité pour nous plonger dans une indignation absolue.

Pour avoir combattu une forfaiture semblable à celle que tente de commettre le président Blaise Compaoré, nous pouvons être en mesure de comprendre à quel point ce que vous vivez est difficile.

Il y a un peu plus de trois ans, nous étions dans une situation similaire. Notre président à l’époque, Abdoulaye Wade, tentait de faire passer à l’Assemblée nationale un projet de loi visant à instituer l’élection simultanée au suffrage universel d’un président et d’un vice-président.

Ce projet de loi stipulait en même temps que la première liste à recueillir plus de 25 % des suffrages des votants sorte victorieuse des élections.

Face à ce projet dont les motivations étaient tout simplement, dans un premier temps de confisquer le pouvoir et dans un second temps de procéder à une dévolution monarchique, nous nous étions mis en opposition. Nous avions mis de côté toutes nos différences. De toute obédience, nous nous étions dressés contre ce projet de loi qui finalement, en pleine séance plénière, a été retiré.

Cette première victoire n’était qu’une étape. Nous avions poursuivi le combat jusqu’à en finir avec l’ancien régime et du coup le Sénégal vivait sa deuxième alternance politique.

Ce bref rappel vise simplement à dire que sans lutte, point de changement. Notre pays le Sénégal est cité comme un modèle de démocratie à travers le monde. Pourtant, rien n’a été acquis d’avance. C’est au prix d’une résistance acharnée contre des ambitions personnelles et claniques que nous avons pu obtenir cette notoriété.

Les gens l’oublient ou feignent de l’oublier, le mérite du salut ne revient qu’au peuple. Nous nous étions battus que pour l’honneur, que pour défendre notre cher pays. Notre seule motivation fut le respect de certaines règles fondamentales. Et à cette cause, seul le peuple peut mener la lutte qui se doit.

Nous n’avions point attendu qu’une certaine classe politique nous mobilise, nous n’avions non plus point attendu d’elle qu’elle mène ce combat à notre place.

Il s’agissait surtout pour nous de montrer que notre pays nous est très cher, de faire comprendre que nous tenons à notre liberté et que le dernier mot nous revient.

Aucune intimidation, aucune terreur n’ont pu entamer notre démarche, notre volonté de préserver notre honneur. Nous avions le devoir d’honorer l’histoire.

Au moment où vous êtes à un tournant décisif de votre histoire, il est important que vous compreniez que vos frères sont à vos côtés pour un renouveau démocratique de l’Afrique.

Votre lutte est la nôtre, car l’image entière de l’Afrique restera ternie si M. Compaoré arrive à ses fins au Burkina, ce pays de notre Afrique, ce  » pays des hommes intègres « .

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